Les producteurs Katy Lipson (de Aria Entertainment) et Jim Kierstead (de Kierstead Productions) nous offrent à Southwark Playhouse, en même temps que le festival From Page To Stage célébrant les nouveautés du théâtre musical, la première européenne de Unexpected Joy, un délicieux moment de comédie par les auteurs de Elegies, qui traitait les victimes du sida, une œuvre pleine de mélodies et de sincérité. La riche partition est de Janet Wood et le livret de Bill Russell est profond. Dans ce nouveau sous-genre, qui est le théâtre musical de lesbien, Unexpected Joy est résolument plus léger de Fun Home, que le public londonien a pu applaudir cet été dans le même quartier de Southwark. Tout simplement, le début européen du nouveau musical de Bill Russell et Janet Hood est une… joie inattendue !
Melanie Marshall
C’est un spectacle plein de rires, avec une pincée de chagrin et d’introspection, et surtout des chansons fabuleusement interprétées par un talentueux groupe féminin.
Janet Fullerlove
La diversité des voix, utilisées à bonne escient dans les riches harmonies, reflètent les fortes personnalités de ses trois générations. Kelly Sweeney est une découverte impressionnante dans le rôle de la petite fille rebelle. Jodie Jacobs dans le role de Rachel est excellente, ne faisant pas tomber son personnage de la bigote dans la caricature méchante. Mélanie Marshall est parfaite dans le rôle du Lou, avec son humeur féroce et son absence de tolérance pour le préjudice. C’est inégalement inhabituel d’avoir au centre d’un musical une femme vieillissante, faisant son coming out, et Janet Fullerlover est tout à fait crédible dans le rôle de Joy.
Jodie Jacobs
Il y a toujours une crainte, lorsque les spectacles abordent des « problèmes sociaux », que le public soit soumis au point de vue de l’écrivain. Mais pas dans ce cas-là. Russell et Hood ont très habilement tissé l’histoire de trois générations de femmes et se réfèrent à des situations très pertinentes d’aujourd’hui, tout en démontrant qu’il peut y avoir du rire même dans les moments les plus difficiles.
Kelly Sweeney
Joy a connu le succès avec son dernier amant Jump. Elle a toujours eu une relation tendue avec sa fille Rachel, mariée à un évangéliste de la télé d’extrême droite et qui mène une vie très conservatrice. Rachel rend visite à sa mère pour un concert spécial en hommage à son défunt père, ainsi qu’à sa propre fille, Tamara, qui aime sa mamie hystérique, bien entendue. Ce que Rachel ne sait pas, c’est que sa mère envisage d’épouser son nouvel amant—un autre chanteur (Lou), qui se trouve être une femme !
Le message principal de ce spectacle c’est la tolérance de la liberté d’aimer qui on veut. Mais en soulignant les problèmes que Rachel a avec ses parents, elle démontre également que, indépendamment du fait qu’ils aiment leur fille inconditionnellement, leur comportement et leur style de vie bohème ont eu un effet profond sur sa vie et ses décisions.
Une mention spéciale doit être adressée à Kelly Sweeney, qui fait ses débuts professionnels en tant que Tamara. Elle donne une performance fantastique tout au long du show, mais surtout dans son premier numéro rigolo, « Like a Good Girl ». Une étoile est née.
Amy Anders Corcoran a réalisé une production très optimiste et bien rythmée. Le directeur musical Gareth Bretherton dirige un excellente équipe qui fait partie intégrante du musical : Alex Crawford, Dan Giles et Danny Newell. Le décor de Verity Johnson est simple mais efficace, avec un éclairage frappant de Nic Farma et une balance sonore bien équilibré de James Nicholson.
95 minutes sans intervalle auraient pu être un peu longuet (cependant, un entre-acte gâcherait tout) mais qui s’en soucie ? On s’amuse et on ne voit pas le temps passer. Nous croisons les doigts pour l’avenir de cette production. Elle fonctionnerait très bien dans l’un des théâtres les plus intimes du West End. En attendant, dirigez-vous vers Southwark Playhouse et voyez Unexpected Joy avant le samedi 29 septembre.