Critique: Light in the Piazza

En contre-courant ? par rapport à la tendance du 21ième siècle à utiliser de la musique pop pour Broadway, The Light in the Piazza flirte avec la musique classique néo-romantique et l’opéra, avec des changements harmoniques inattendus, des structures mélodiques et des orchestrations plus développées que dans la plupart des partitions de Broadway.  Avec beaucoup de paroles en italien ou en anglais rudimentaire, la plupart des personnages ne parlant qu’italien, le musical d’Adam Guettel, petit-fils de Richard Rodgers arrive au South Bank Center à Londres seize ans après sa création.

Avec un livret et des paroles de Craig Lucas, adapté d’une nouvelle d’Elisabeth Spencer, The Light in the Piazza, se déroulant dans les années 50, raconte l’histoire d’une femme sudiste riche et de sa fille handicapée émotionnellement, qui, au cours d’un voyage en Italie, rencontre un jeune homme.

D’abord développé à L’Intiman Playhouse à Seattle en 2003, puis au Goodman Theater à Chicago en 2004, ce musical aux couleurs opératiques fut ensuite joué au Vivian Beaumont Theater au Lincoln Center de New York pour 504 représentations, remportant le Tony Award et le Drama Desk Award pour la meilleure partition originale de 2005 et marquant les débuts de Kelli O’Hara, devenue la première soprano de Broadway.  Après une tournée à travers les Etats-Unis, débutant à San Francisco en 2006, des adaptations virent le jour au Japon en 2007 et sous forme de concerts en Australie en 2008, puis en 2010 à Toronto au Canada et à L’Arena Stage à Washington.  La première européenne eu lieu au Curve Theatre de Leicester en Grande-Bretagne en mai 2009 avec une jeune Caroline Sheen (9 to 5).

C’est une toute nouvelle version mise en scène par Daniel Evans, directeur artistique du Chichester Festival Theatre, avec en tête d’affiche Renée Fleming, peut-être la plus grande soprano actuelle, que nous offre cet été le Royal Festival Hall.  Récemment vu à Broadway dans Carrousel, pour lequel elle fut nominée en 2018, René s’approprie parfaitement le rôle de la pas toujours sympathique Margaret Johnson, toujours centrée sur elle-même, comme la plupart des personnages de la pièce.

Don Cameron fait un début remarqué dans le West End en reprenant le rôle de sa fille Clara, qui révéla Kelli O’Hara à Broadway et dans la captation télévisée.  Alex Jennings récompensé par un Olivier Award pour My Fair Lady au théâtre Drury Lane, campe unsympathique Signor Naccarelli, mais la révélation de cette distribution est, dans le rôle de son fils, le charismatique Bob Houchen, élève de l’école Guilford, récemment vu dans Eugeniyus à The Other Palace et dans Titanic au Sharing Cross Theatre.

Le large ensemble est également impeccable avec une mention spéciale pour Liam Tamne dans le rôle du jeune frère Giuseppe qui, grâce à ses talents de danseur, apporte une dimension chorégraphique à cette œuvre parfois peut-être quelque peu trop statique et sérieuse.

Heureusement, l’intelligent livret de Craig Lucas insuffle une bonne dose d’humour, allégeant la riche mais parfois un tantinet pesante partition d’Adam Guettel, ici magnifié par l’excellent orchestre présent en hauteur sur scène et dirigé par Kimberly Grigsby.  Mention particulière pour les remarquables décors de Robert Jones avec ses statues géantes dont la nudité contraste de manière amusante avec le côté coincé de certains des personnages, illustrant l’importance que pouvait encore avoir, les convenances dans cette période d’après-guerre, particulièrement en Italie.

Même si elle est plus aboutie, The Light in the Piazza, n’est pas sans rappeler ce musical culte, se déroulant également en Italie : Do I Hear a Waltz ?, connu pour avoir été l’unique rencontre de Stephen Sondheim avec le grand-père Guettel, le grand Richard Rodgers dont ce fut l’une des dernières compositions.  Dans une époque où toujours les même œuvres sont éternellement reprises, ce fut un immense plaisir de découvrir, cet été au South Bank Center, cette œuvre originale, pas toujours facile et décidément inclassable qu’est Piazza.

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