Critique : Showtune

Jusqu’au 24 août au merveilleux petit théâtre intimiste de L’Off West End, qu’est L’Union Theatre dans le quartier de South York, le grand Jerry Herman est à l’honneur avec Showtune (“air de comédie musicale”) célébrant son œuvre avec un jeune cast talentueux et une mise en scène et chorégraphie inventive de Luke Byrne. 

Célèbre pour avoir écrit coup sur coup les deux blockbusters de Broadway que furent Holly Dolly (1964) et Mame (1966), Jerry Herman est aussi le compositeur d’œuvres plus difficiles comme Dear World (1969), version musicale de La Folle de Chaillot de Jean Giraudoux, Mack and Mabel (1974) célébrant le cinéma muet et The Grand Tour (1979) racontant l’exode des juifs en Europe centrale. 

Même si ces musicals ont été des flops à l’origine, leurs partitions regorgent de mélodies devenues des standards du répertoire du cabaret New Yorkais comme « Time Heals Everything » et « I Don’t Want To Know », tous les deux magnifiquement interprétés dans Showtune par Ella-Maria Danson et Aidan Cutler, respectivement. 

Le plus grand tube de Jerry reste bien-sûr la chanson-titre d’Hello Dolly, même s’il fût l’objet d’un procès médiatisé et si il n’est, dans cette revue, représenté qu’instrumentalement, suivi de près par « I Am What I Am », le thème de La Cage aux Folles (1983), le dernier grand succès de Jerry à Broadway, popularisé par Aretha Franklin, qui en fit un tube disco « I Am What I Am », est ici devenu un numéro d’ensemble intelligemment arrangé par James Followell. 

Ce musical fit date à Broadway pour être le premier où un homme chante une chanson d’amour à un autre homme, repris deux fois à Broadway en 2004 et en 2010. 

Pourtant, l’excellente adaptation française Alain Marcel à Mogador en 1999 était un échec financier retentissant. 

La Cage aux Folles fut le coming out de Broadway au monde comme Fiddler on the Roof fut son coming out juif.  Notamment à travers l’interprétation de Daniel Wallage de Mascara et l’émouvant duo qu’est « Song Of The Sound », émotionnellement interprété par Daniel et Michael Bowie, Showtune illustre bien l’homosexualité plus tôt assumée dans l’œuvre d’Herman que dans l’œuvre de Sondheim. Il faudra attendre la dernière œuvre de ce dernier Road Show (2008) pour trouver un personnage ouvertement gay dans l’oeuvre du maître. 

La plupart des medleys, notamment, « Anna Was Beautiful », « Kiss Her Now », sont très bien arrangés et, à travers les enchaînements rapides des chansons, pas tous exécutés dans leur intégralité, mais dont le nombre s’élève à 46 en 80 minutes, se dessine un fil conducteur simple mais efficace. 

L’idée du metteur en scène Luke Byrne de présenter le spectacle dans le spectacle : une troupe de jeunes acteurs en vêtements de répétition en train de monter Showtune, s’avère très efficace et donne une nouvelle perspective et une fraîcheur bienvenue au répertoire de Jerry Herman, souvent associé à des interprètes d’âge mûr ! 

Le meilleur exemple est bien sûr le duo classique de Mame : « Bossom Buddies », dont l’interprétation par les jeunes Ella et Alex Burns, qui n’ont rien à envier à leurs illustres prédécesseurs Angela Lansbury et Béatrice Arthur. 

Gabriel Hinchliffe, élève de L’Urdang Academy, est un autre élément prometteur de ce cast plein de fougue et de jeunesse ! 

Ne manquez sous aucun prétexte cette occasion, trop rare, d’entendre ces mélodies si fredonables (“hummable”) et ces marches si entraînantes. On espère que Showtune permettra à la nouvelle génération de découvrir la richesse de la musique et des paroles de Jerry Herman jusqu’au 24 août à L’Union Theatre. 

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