Critique : Jeff Harnar à Londres et New York

A voir le formidablement doué et inventif Jeff Harnar, la star pimpante du cabaret américain, chanter, ça à l’air facile, même avec les paroles notoirement difficiles de Stephen Sondheim.

Le Californien, maintenant âgé de 60 ans (mais vous ne l’auriez jamais deviné), vient régulièrement en Angleterre depuis toujours pas seulement en tant que chanteur mais aussi en tant que metteur en scene et présentateur de The American Songbook à Londres au Jermyn Street Theatre pendant trois ans, important une pléiade d’artistes de cabaret de New York de haut de gamme.

Plus récemment, il s’est associé à KT Sullivan pour deux éditions de l’œuvre de Sondheim sous le titre « Another Hundred People » à Crazy Coqs en 2015-2016, mais « I Know Things Now » marque ses débuts en solo à Londres avec son introspection sexuelle et affective à travers des morceaux choisis du répertoire du maître.

Avec ce programme totalement chanté, une fois qu’il nous avait annoncé « C’est mon histoire, la musique est celle de Sondheim », Harnar défie les traditions du cabaret à l’américaine en se dispensant de plaisanteries anecdotiques ou explicatives entre les chansons.

Cela fonctionne si votre public est accro à Sondheim, mais pour le touriste occasionnel et les jeunes aspirants au théâtre musical, une liste de chansons avec les noms des spectacles desquelles elles proviennent aurait peut-être rendu la soirée encore plus enrichissante.

Avec l’extrêmement talentueux Jon Weber au piano, Harnar n’a jamais mieux chanté, exécutant de manière intelligente un mixe de paroles se mariant merveilleusement avec d’autres. J’ai compté une demi-cinquantaine des meilleurs morceaux de Sondheim, forment une tapisserie émotionnelle de juste une heure. Certaines d’entre elles n’étant qu’effleurées, celà aurait pu durer un peu plus.Lors de sa dernière visite à Londres, Sullivan et lui ont même surmonté ce défi en conjuguant 40 morceaux du génial Sondheim en 70 minutes.

Dommage que « Can That Boy FoxTrot » et « Opening Doors » furent omis le soir du 18 janvier.

Heureusement, Jeff compensa amplement avec en rappel, un hilarant et brillant medley du musical Oklahoma, imaginant ce qu’aurait été cette oeuvre si elle avait été composée par Steven Sondheim au lieu de Rodgers and Hammerstein.

De « Everybody says don’t » à « Live Alone and Like it » célébrant la solitude et l’hilarant « You Could Drive a Person Crazy », faisant un clin d’oeil aux applications de rencontres, en passant par les prouesses vocales de « Not Getting Married Today » et la moins connue « The Best thing That Ever Happened », unique exemple d’une chanson d’amour écrite pour un homme à un autre dans l’oeuvre de Soundheim « Children Will Listen », « Old Friends » et l’hymne final émouvant « Being Alive », ce fut un délice du début à la fin, donnant une nouvelle signification à des compositions pourtant considérées comme difficilement dissociable des oeuvres dont elles sont extraites.

Ouvertement gay, Harnar a donné sa propre tournure à des chansons plus associées aux femmes de Sondheim, telles que « Losing My Mind », « Not Getting Married Today », « Send In The Clowns », « Loving You » et la satire mordante « Can’t I Leave You? », avec cette phrase cruelle, « Comment pourrais-je partir quand je suis parti il ​​y a longtemps, mon amour ».

Son timbre de ténor léger de Jeff Harnar n’est jamais forcé, ni trop fort ni trop tendu, pour produire un effet et chaque mot, dans la ruée incessante de « Not Getting Married Today », est énoncé avec une précision toujours limpide.

Après ces trois jours trop brefs au Pheasantry de King’s Road, Jeff fera découvrir ce nouveau spéctacle solo au publique new-yorkais en mars au légendaire 54 Below, à ne manquer sous aucun prétexte.

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